Un patrimoine construit au fil du temps
Pour comprendre comment Val-de-la-Haye détient un patrimoine bâti dans un cadre naturel, il faut faire un retour sur une histoire qui l’imprègne fortement. Notre village possède encore aujourd’hui un indéniable caractère rural contrairement au paysage de la rive gauche qui a évolué vers un tissu industriel dans la première moitié du XXe siècle. Au Val-de-la-Haye, on peut passer de la campagne au centre-ville de Rouen en à peine 20 mn. Son cadre de verdure, ses prairies, les forêts qui le surplombent sont un de ses grands atouts que peu de communes aussi proches de Rouen peuvent revendiquer. Les espaces récréatifs bordant la Seine, la piste cyclable ouverte entre pommiers et cerisiers n’ont pas d’équivalents. Haies, vergers, arbres majestueux, vignes… se marient harmonieusement aux constructions et aux falaises de craie qui protègent le village des vents dominants de secteur ouest. Nous avons la chance à Val-de-la-Haye de vivre dans un « village vert ».
Le charme du Val-de-la-Haye tient à la diversité de ses constructions réalisées à différentes époques. Si le style affirmé certaines d’entre elles fonde un caractère patrimonial indiscutable, il ne faut pas oublier qu’à côté des « maisons des illustres », il y a aussi des « maisons des obscurs », pour reprendre le titre d’un ouvrage récemment paru, qui témoigne de la vie des habitants avec un égal intérêt. Elles racontent l’histoire du village et de son évolution.
Pour résumer les millénaires d’occupation du village, avec des traces qui remontent au Néolithique et à l’âge du Bronze (de – 6 000 à – 2 500 ans), les plus anciennes constructions encore visibles remontent au Moyen-âge et plus précisément à l’époque ducale avec la grange dimière de la Commanderie templière de Sainte-Vaubourg. Si le village s’est initialement développé à partir de ce noyau ancien, il ne tarda pas à s’étendre tout le long de la Seine en relation avec les activités liées au fleuve : construction navale, pêche artisanale, blanchissage du linge… pendant que les activités agricoles, essentiellement tournées vers l’élevage se développèrent sur le terrains riverains et les hauteurs.
Comme la plupart des villages des bords de Seine, Val-de-la-Haye était un port au même titre que son hameau de Quenneport, d’époque saxonne (Vème siècle). Village d’armateurs et de marins, il vit la construction de belles bâtisses en bordure de ses quais comme celle du capitaine Adrien Quemin, célèbre pour avoir commandé le Télémaque, naufragé à Quillebeuf, dont la légende veut qu’il ait transporté le trésor de la Couronne de France. Le Val-de-la-Haye était un point de passage vers Petit et Grand-Couronne. De ce fait existait une maison de passeur et un poste de douane. Le Val était aussi une halte des bateaux-omnibus qui assuraient un service entre Rouen, La Bouille ou le Havre. Au débarcadère, un ancien relais de poste, le Méridien, était le plus prestigieux établissement hôtelier du village.
Des demeures de prestiges, gentilhommières campagnardes s’établirent entre le XVIIème et le XVIIIème siècle. Le transfert des cendres de Napoléon 1er, la quiétude du village, ses magnifiques paysages célébrés par Eustache Bérat attirèrent la bourgeoisie rouennaise qui s’y fit construire villas et chalets dont certains dans le style Art nouveau sont d’authentiques joyaux architecturaux.
De cet esprit de villégiature sont nés des bâtiments caractéristiques qui, sur le cours de la Seine, n’existent plus au Val-de-la-Haye si on excepte le « gueuloir » de Flaubert à Croisset. Ceux sont les « vide-bouteilles », petits bâtiments de plan carré, surélevés, qui étaient destinés à accueillir des amis autour d’une bouteille tout en contemplant le passage des bateaux qui passaient sous leurs fenêtres. A ce titre, chaque possesseur de « vide-bouteilles » peut imaginer l’importance qu’il y a de conserver dans le meilleur état possible ces bâtiments patrimoniaux, témoignages de la qualité de vie qui régnait dans le village.
Dans la première moitié du XXe siècle, des ajouts et des transformations intervinrent pour mettre les constructions « au goût du jour ». Après les deux guerres et surtout à partir des années 1970, des constructions nouvelles furent édifiées dans le processus de périurbanisation se développa alors en offrant aux citadins la possibilité de s’installer dans un cadre champêtre.
Chaque époque est marquée par l’emploi de matériaux différents et par la création de formes nouvelles. Les apports de ces dernières décennies n’échappent pas à la règle même si elles obéissent à des besoins de simplification, de standardisation tout en reposant sur des techniques et des matériaux nouveaux. Elles explorent par la même occasion des fonctionnalités nouvelles comme l’éclairage naturel, les économies d’énergie liées au chauffage se déclinant entre autre par une meilleure isolation (calfeutrage extérieur, double vitrage…)
Toutefois, certaines extensions, remaniements de façades, modification de volumétrie, crépis de murs, choix de couleurs attentent globalement à l’intégrité patrimoniale du village tout en dépréciant les habitations qui les ont subis. L’emploi de certains matériaux bas de gamme est évidemment dommageable comme l’apparence d’abandon ou le manque d’entretien.
Cet état de fait n’est d’ailleurs pas souvent dû aux occupants actuels mais à des erreurs qui ont pu être commises par le passé. Un exemple nous est donné par l’ancienne auberge « le Pichet normand ». Cette bâtisse de style normand a été prolongée au début du XXe siècle par une aile avec une toiture à très faible pente contrastant sévèrement avec la toiture traditionnelle du bâtiment initial.
Il existe heureusement, en fonction des moyens de chacun, des possibilités d’amélioration à faible coût, la démarche préalable étant de s’entourer de conseil et de faire des diagnostics partagés.